Présentation

Après avoir vécu à New York pendant 6 ans, Julio Bittencourt retourne au Brésil et travaille à Valor Economico, un journal de Sao Paulo, comme photographe. Depuis 2006, devenu indépendant, il expose ses travaux dans les plus grandes capitales et publie ses reportages dans de prestigieux titres comme Geo, Stern, Time Magazine, Le Monde ou The Guardian. Le projet «Window of Prestes Maia 911» a fait l’objet d’un livre paru en 2008.

La photographie et l’urbanisation ont une histoire commune : elles sont toutes les deux des inventions des temps modernes, des produits issus du progrès de la technique et mis au service des hommes. De surcroit, la ville a toujours été un des modèles favoris de la photographie. Ce travail est un photomontage, un collage assumé et revendiqué, de la façade du 911 Prestes Maia, un immeuble de 22 étages de la ville de Sao Paolo. L’édifice était devenu, en 2006 l’un des plus grands squats de l’Amérique du Sud 750 familles qui y logeaient dans la plus grande précarité. Ici, comme la manipulation est évidente, l’image devient un document : elle montre la réalité en l’exacerbant et nous met dans une position de voyeur en observant l’intimité d’inconnus. Elle nous fait à la fois réfléchir sur les problèmes de nos villes, mais aussi sur les difficultés que connait la photographie aujourd’hui - en partie à cause de la sur-manipulation des images. Elle n’apporte pas de réponse, mais révèle l’absurdité de ces politiques urbaines qui choisissent délibérément de ne pas intégrer des pans entiers de la population dans leur société. Ce n’est qu’une nouvelle rencontre entre la ville et la photographie, mais ici, elle est emblématique de leurs crises respectives. Cette photographie ne fait que mettre en lumière une triste vérité sur laquelle l’homme se doit de réfléchir. Aujourd’hui, en 2012, le Prestes Maia est fermé. Ses habitants ont tous été relogés.