Présentation

Deux saisons. Deux paysages. Deux modes de vie. C'est sur cette alternance que repose l'existence des habitants de la région des haors, située dans le quart nord est du Bangladesh. Les haors sont de vastes cuvettes d'origine sismique réparties en chapelet le long de la Meghna, le troisième grand fleuve du pays après le Gange et le Brahmapoutre. Au moment de la mousson, la crue envahit les haors.

Ainsi piégée et régulièrement alimentée par les pluies, l'inondation dure six mois. Les rizières à perte de vue font place une mer intérieure parcourue de pirogues de toutes tailles et semées d'îles fragiles. Elevés à la main, protégés des tempêtes par des armatures de bambous, ces archipels aux allures de bidonvilles concentrent au total près d'un million d'habitants. Les familles y vivent entassées dans des maisons de tôle et utilisent le moindre espace vacant pour abriter leurs quelques vaches, faire pousser des légumes ou un arbre fruitier, élever de la volaille, entreposer de la paille de riz ou faire sécher des galettes de bouse qui serviront de combustible pour la cuisine.

L'uniformité des lieux n'est qu'apparente. De grands propriétaires terriens accaparent la richesse et le pouvoir ; leurs demeures sont reconnaissables à l'espace dont elles disposent. Á la saison humide, ils vivent tranquillement sur leurs abondants stocks de riz tandis que les ouvriers agricoles survivent en pêchant ou en faisant de menus travaux. Entre les deux, les petits exploitants prient pour que la prochaine récolte leur permette de passer l'année sans emprunter d'argent aux usuriers dont les taux avoisinent 50%.

Mais c'est avec une impatience égale que tous attendent la saison sèche, la joie de marcher librement, l'agitation des moissons.

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