Présentation

Ils ne sont plus que quelques centaines à arpenter le grand Nord Sibérien, ils sont nomades et vivent de façon ancestrale loin de nos civilisations consuméristes. Au-delà de la ligne des derniers arbres, qui se situe bien au dessus du cercle polaire, le Dolganes, les Gnagassans, ou les Neneth, ces ethnies que Staline appelait les « petits peuples», vivent sans arbre, car dans la toundra ne poussent que lichens, bouleaux nains ou arbrisseaux qui fleurissent pendant quelques jours durant le court été boréal. Un paysage monochrome, sans odeur et sans couleur. Depuis des années, Francis Latreille «hiberne» avec ces hommes et ces femmes qui vivent de l’économie du rien. Il les accompagne dans leurs déplacements, pour des missions que les magazines les plus prestigieux comme National Geographic ou Paris Match relatent année après année. Cet ancien reporter à France Soir, qui débuta sa carrière en couvrant la guerre des Six-Jours, a choisi en 1995 de se consacrer aux grandes expéditions à travers le monde en accompagnant l’aventurier Jean-Louis Etienne sur les terres australes et boréales. Grand spécialiste des mondes glacés, ses travaux photographiques ont été récompensés par de nombreux prix comme le prestigieux World Press Photo. Au détour de ses pérégrinations, on a tous en mémoire cette image de « Lyuba », un bébé mammouth congelé vieux de 36 000 ans et découvert en péninsule de Yamal. Car les Dolganes utilisent depuis la nuit des temps comme matériau, à défaut de bois, de l’ivoire de mammouth qui leur sert de pièces d’attelage pour leurs traîneaux, de boutons de vêtement, ou d’outils au quotidien.

Dans un univers sans superflu, le témoignage photographique sur ces ethnies nous interpelle sur ce monde qui brûle, en quelques décennies, les ressources que notre planète a accumulées au fil des millénaires.