Présentation

Patrick Bard est photographe, mais aussi écrivain. Il a travaillé sur la problématique de l’eau en Amazonie et sur les peuples autochtones des Amériques. Il continue d’arpenter l’Amérique du Sud et poursuit l’écriture de ses romans « noirs », dont le plus récent a été récompensé de plusieurs prix. Son travail est distribué par l’agence Signatures.

On dit que l'Amazonie est le poumon de la planète. C'est son organe le plus vital. Un coeur gros comme ça, irrigué par le plus long fleuve du monde, l'Amazone, et ses 1 100 affluents, comme autant de réseaux veineux qui confèrent à ce vaste territoire une pure richesse, sa biodiversité, avec 30 000 espèces identifiées, les deux tiers de la faune et de la flore mondiales. Une immensité telle que certains s'autorisent à s'y servir, sans tenir compte des dégâts écologiques qu'ils occasionnent. 75 millions de mètres cubes de bois y sont prélevés chaque année alors que le gouvernement brésilien ne délivre de licences que pour 25 millions : 80 % du bois exploité au Brésil le sont donc en toute illégalité. Car l'Amazonie est devenue, au fil de l'histoire, tout à la fois l'île au trésor et la déchetterie du monde civilisé. Et c'est sans compter l'aspect humain, la «civilisation» ayant repoussé les tribus ancestrales sur des territoires réduits à peau de chagrin. Toute une population oubliée vit difficilement sur ces rives amazoniennes dans d'humbles maisons sur pilotis. Telles les communautés caboclos, descendantes d'Indiens acculturés, longtemps exploitées comme main-d'oeuvre bon marché pour la récolte du caoutchouc, avant d'être abandonnées, survivant de pêche et de culture. Eux pourtant ont la «chance» d'être toujours là : de cinq à sept millions au XVIe siècle, les Indiens d'Amazonie ne sont plus que 250 000 aujourd'hui ! Cette exposition mettra en exergue le danger qui arrive à grand pas, celui du géant amazonien au pied d'argile. En effet, les plus pessimistes voient la fin de la forêt amazonienne arriver à l'horizon 2020. La forêt, le Fleuve, pourtant, sont là. Ceux qui veulent les sauver aussi. Montrer. La beauté autant que l'atteinte. L'Amazonie est un monde en suspens.
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